Wac/raja: les matchs

Ce dimanche va avoir lieu un des évènements sportif de l’année, Le derby WAC/RAJA. Au-delà de côté sportif, le match qui va avoir lieu au complexe Mohamed V est révélateur de l’état de la société casablancaise. Ce match dépasse les frontières du sport pour toucher l’économie, la sécurité, le social et le culturel. Il y a avoir d’autres match. Décryptage.

Le match économique, malgré la médiocrité du spectacle footballistique dernièrement (il faut le rappeler) le match attire autour de 70000 fans. La rivalité historique entre les supporters est pour quelque chose. Cette grande foule est une masse consommatrice à différente échelle. Certes la majorité est de la classe moyenne pauvre, ceux qui payent leurs billets à 20dh, puis on trouve les billets à 40dh et à 100dh. Aussi on remarque la symétrie dans la qualité d’article (écharpe, casquette, porte-clé, et la nourriture) vendu dans les trois côtés du terrain.

Outre le pouvoir d’achat des fans, on peut facilement distinguer un genre économie qui nous rappelle Derb Ghallef, C’est l’économie informelle qui règne dans les alentours du stade. Les vendeurs de sandwichs, de boisons, les gardiens de voitures improvisés, des enfants qui vendent des bouts de cartons. Et n’oubliant pas les vendeurs de billet en noir. Même on peut trouver des dealers de drogues assez facilement en cas de besoin. Le match n’a pas encore commencé sur le terrain, mais dehors sa bourdonne des centaines de personnes gagnent leurs vies avec sens de débrouillardise. En somme bienvenu au souk de l’informelle

Le match sécuritaire, Parlons un peu de la présence policière impressionnante déployée pour " accueillir " les supporter, pour s’assurer qu’il n’y a pas de débordement. Mais comme tout le monde connaît la police chez nous elle frappe et fort et dommage les gens aussi manquent de civisme. Les cibles favorites des SEMI sont les gosses qui attendent pour rentrer ABBASSIA (gratos) et les vendeurs ambulants. Il faut noter que ces cinq dernière années aucun débordement ou vandalisme majeur n’est survenu. On espère la fin des temps des canons à eau et des chiens policiers. Reste que l’observation des rapports entre les citoyens et les forces de sécurité est un indice sur la répression et la peur de l’homme en uniforme.

Le match social, si un Sociologue veut faire une étude sur la population de Casablanca. Il pourra se régaler lors match WAC/RAJA. On peut trouver de tout, c’est une vraie miniature de la société, avec les classes sociales et leurs inégalités, les problèmes sociaux (analphabétisme, toxicomanie, misogynie). On peut distinguer trois classes : L’aristocratie dans la tribune d’honneur, la classe moyenne dans la tribune et le Peuple -Groupe complexe traversé par des tendances différentes composée majoritairement de chômeurs, petit fonctionnaires, et d’étudiants - au Grillages. Pour clore le match social, notons le retour aux religieux chez les supporters, d’ailleurs comme l’ensemble de la société.

Finissons en beauté, le match culturel. Le stade est un laboratoire de chansons, de " chorégraphie " faites par les fans. Chaque Derby, les associations de supporters ramènent un flot de nouvelles chansons. Le style dominant c’est le Chaabi, mais de plus en plus le Raï prend de la place. Notamment le Hit en vogue actuellement est celui du Cheb Bilal " un chef d’œuvre ". Bienvenue dans cet univers de fanatisme footballistique, d’économie de débrouillardise, de malnutrition, et de drogue. Tout cela est jumelé à la répression sécuritaire et la frustration sociale causée par les inégalités sociales d’une jeunesse en désespoir. Il ne faut pas avoir honte c’est juste la réalité. Ah bon match, sportif celui-la.